Kinésithérapeute, conseiller en
prévention, formateur &
ergocoach auprès du CESI
Le terme manutention est utilisé dans les soins de santé pour désigner le
déplacement des patients afin d’effectuer des soins, de les préparer pour un
examen ou, simplement, pour plus de confort. «Malgré le fait que la manutention des patients ait beaucoup évolué ces dernières années vers une économie d’effort, le taux d’absentéisme lié aux troubles musculosquelettiques
(TMS) chez les soignants est encore important», explique Sébastien Goffinet.
Selon ce kinésithérapeute, conseiller en prévention, formateur & ergocoach, auprès du CESI,
Service Externe de Prévention et de Protection au
Travail (SEPPT), les TMS sont notamment dus aux
efforts intenses lors des manutentions, mais aussi
à des postures prolongées et à la répétitivité des
gestes souvent hors zone de confort articulaire.
La formation des soignants fait-elle défaut sur ce
point? «Lors de nos interventions d’accompagnement des soignants, nous nous rendons compte
que ceux-ci ont été formés avec une approche
ancienne, voire dépassée, qui repose sur des
techniques utilisant les jambes pour éviter tout
effort du dos, sans le faire fléchir.»
Contrairement au Canada, et notamment au Québec, il existe peu de chiffres en Belgique permettant de confirmer l’efficacité de l’enseignement.
Cependant, dans la réalité, la difficulté est multifactorielle. Il y a d’une part le manque de matériel adapté, tant le petit matériel d’aide (draps
de glisse, planches de transfert…) que le matériel
mécanisé (lève-personne, verticalisateur). D’autre
part, en plus du manque d’effectifs, accentué
par la crise sanitaire actuelle, un manque de personnel formé de référence est constaté. Enfin,
certaines institutions n’ont pas de stratégie de
prévention des TMS.
Pour le patient, se mouvoir reste l’acte le plus difficile à réaliser durant son séjour.
Pour le soignant, manutentionner un patient reste également l’acte le plus pénible
en termes d’effort! Chaque collaborateur (y compris la ligne hiérarchique) est
acteur dans la qualité de la prise en charge et la manutention des patients. Il faut donc
veiller également à la qualité de l’enseignement moyennant une méthode adaptée aux
besoins réels.
AGIR À PLUSIEURS NIVEAUX
Afin d’optimaliser la gestion des TMS suite à une
mauvaise manutention des patients et de diminuer ainsi le taux d’absentéisme des soignants, il
est nécessaire de mettre en place une stratégie
globale dans laquelle tout le monde est impliqué:
de l’employeur à la ligne hiérarchique, jusqu’au
soignant et son patient.
• Analyse des risques
C’est à la direction avec son Service Interne de
Prévention (SIPPT), accompagnés du SEPPT, de
réaliser des analyses de risques spécifiques avec
des outils ciblés sur les besoins réels de matériel
d’aide adapté au service concerné. La présence
de ce matériel est capitale pour la réalisation correcte et moderne de la manutention. La direction
doit également veiller à organiser des environnements (espace et accès) de travail sécuritaires
et ergonomiques, et à s’assurer que le soignant
disposera de suffisamment de temps pour réaliser
les transferts
• Formation de référents en manutention
« Depuis plusieurs années, nous formons au CESI
des “référents en manutention des patients“. Les
référents sont amenés à réfléchir sur les problématiques rencontrées dans le service. Ils peuvent
sensibiliser leurs collègues à l’utilisation optimale
et sécuritaire du matériel d’aide aux transferts.
Enfin, ils peuvent rendre compte des actions
et des manquements dans le service à la ligne
hiérarchique. Toutefois, ce rôle ne peut s’appliquer correctement sans le soutien du responsable
d’unité et de la ligne hiérarchique. »
• Des formations en immersion
Le CESI a opté pour différents modules de formation. Les formations «coaching en immersion»
sont prestées directement sur le terrain, dans les
conditions réelles de travail: sur leurs patients,
avec leur matériel et dans leurs locaux. Le personnel présent est accompagné durant les soins
et les transferts afin d’être coaché sur les risques
de TMS et à l’utilisation d’une méthode globale,
réflexive (réflexion et analyse sur sa propre pratique) et participative (favorisant le réel mouvement spontané du patient).
QUELLE MÉTHODE UTILISER ?
« Cette méthode de manutention se doit d’être
simple d’utilisation, sous forme d’un fil rouge, de
veiller à ne rien oublier avant le transfert du patient. Elle doit s’organiser par étapes sous forme
de consignes claires et précises et axées sur le
fait, justement, de ne plus porter le patient. Cette
approche en devient dès lors tout à fait innovante
en ce sens qu’elle est plus globale et plus respectueuse de la biomécanique du mouvement pour
le patient comme pour le soignant. En faisant
participer son patient aux limites de ses capacités
du jour, et en utilisant intelligemment son propre corps, le soignant accompagnera son patient
afin qu’il se déplace de manière sécuritaire et non
douloureuse, tout en se préservant lui-même des
TMS. »
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